Depuis près de trois ans, les MRC de la Beauce se sont dotées d’un plan d’action en immigration (PAC MRC) afin de favoriser l’accueil, l’intégration et l’enracinement des personnes immigrantes sur le territoire. La mise en œuvre de ce plan d’action a notamment permis une forte mobilisation et une collaboration soutenue entre les partenaires intersectoriels du milieu. Cette cohésion, déjà bien implantée en matière d’immigration, a permis, lors d’une conférence de presse tenue à l’automne dernier, à la Beauce de réagir et de se positionner très rapidement face aux mesures annoncées par les deux paliers de gouvernement. Cette initiative beauceronne a d’ailleurs été la bougie d’allumage d’un mouvement régional de Chaudière-Appalaches qui s’est amorcé par la suite.
Chapeautée par la Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA) et Chaudière-Appalaches Économique, cette mobilisation régionale a mis en place plusieurs actions, dont la réalisation d’un sondage pour connaître les impacts des nouvelles mesures en immigration sur les entreprises locales. Celui-ci révèle que les nouvelles politiques d’immigration mettent en péril leur pérennité, ainsi que l’équilibre des communautés locales et le bien-être des citoyens. Directement en lien avec les nouvelles politiques d’immigration annoncées en septembre 2024, près de 60 % des entreprises devront réduire leur capacité de production. En cause notamment : la perte d’expertises spécialisées et l’annulation ou le report de projets de croissance et d’innovation. Parmi ces entreprises, plus de 57 % prévoient une baisse de leur capacité de production de 10 % à 40 %, et 15 % prévoient une diminution de 50 % à 100 %.
Les acteurs économiques et politiques de la région de Chaudière-Appalaches demandent une collaboration intergouvernementale renforcée, l’exemption des travailleurs étrangers temporaires établis au Québec avant l’imposition des nouvelles mesures d’immigration en septembre 2024, le retour des quotas de travailleurs étrangers temporaires à bas salaires à 20 % et la réinstauration des Études d’impact sur le marché du travail (EIMT) aux deux ans, en adéquation avec le nouveau salaire médian à 32,96 $/heure.
Rappelons qu’en l’absence d’un plan d’urgence gouvernemental suite à leur appel de 2021 concernant les graves enjeux de pénurie de main-d’oeuvre, les entreprises de la région ont intensifié le recrutement de travailleurs étrangers temporaires, enregistrant une hausse remarquable de 151 % entre 2021 et 2023. Cette approche proactive s’est avérée fructueuse en 2022, Chaudière-Appalaches a affiché une croissance du PIB de 12 %, surpassant significativement la moyenne provinciale de 8,2 %.
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La Beauce compte plus de 500 entreprises manufacturières dans l’ensemble de son territoire et représente à elle seule plus du tiers des répondants au sondage régional. Ces nouvelles mesures posent donc un risque majeur pour l’économie beauceronne dans un contexte où, malgré les efforts de robotisation et d’automatisation, l’expertise et la main-d’oeuvre étrangères demeurent vitales pour la survie de plusieurs secteurs et le dynamisme de nos communautés. La Beauce se joint donc à la TREMCA et Chaudière-Appalaches Économique pour réclamer d’urgence aux gouvernements provincial et fédéral un plan d’action adapté à la réalité économique unique de la région qui affiche le plus bas tôt de chômage au Canada à 3 %.
« Vu le grand manque de main-d’oeuvre des dernières années, nos entrepreneurs ont tout fait pour attirer des travailleurs provenant d’autres pays et tout ce que ça implique - les former, les loger et les intégrer dans leurs opérations. Maintenant que ça marche, les gouvernements mettent nos entreprises en péril en limitant le recours à ces travailleurs étrangers. Pourtant, notre taux de chômage en Beauce est encore le plus bas au Canada! On peut comprendre que les règles changent pour l’avenir, mais à nouveau, on demande à nos gouvernements de soutenir nos entrepreneurs beaucerons, avec une “clause grand-père”, permettant à ces travailleurs de rester ici et de contribuer au succès de nos entreprises. Déjà avec ce qui se passe au niveau des tarifs avec nos voisins du Sud, nos entrepreneurs n’ont pas besoin de se faire mettre d’autres bâtons dans les roues. On ne leur demande pas une cenne, juste de laisser en place ce qui marche déjà très bien ici. » — Jonathan Bolduc, maire de Saint-Victor et préfet de la MRC Beauce-Centre.